Accéder au contenu principal

Pirates of the Lonweekean (1)

Où les week-ends de trois jours deviennent les meilleurs amis du fonctionnaire, et où ils ont un parfum de grande aventure...


Je ne sais pas pour vous mais moi, j'entends le bruit des vagues.

Woush-woush glissent-elles à mes oreilles de leurs voix de sirènes, alors que j'ai au bout du fil quelqu'un du rectorat dont je ne retiens qu'un mot sur quarante ("je" "vous" "augmente" "monsieur" "Liehd"... oui, j'ai forcément mal compris, sans doute est-ce un avant-goût de l'ivresse des profondeurs).

Tandis qu'on me parle "dossiers incomplets" et de "retenue sur salaire" (ou du moins, cela ne devrait plus tarder), rien à faire : je n'entends qu'elles.

Woush. Woush.
Et re-woush.

Hypnotique, le mouvement du ressac m'annonce un week-end de trois jours aux températures estivales - qui, gageons-le, feront du bien là où elles passeront (dès que je quitte le Collège, c'est décidé : cap sur Leclerc pour acheter un stock de crème solaire et revendre tout ça dix fois le prix sur Leboncoin).

Pour me mettre dans l'ambiance de ces semi-vacances, j'ai renversé mes trombones par terre, comme autant de petits coquillages à l'émail argenté, et je m'essaie maintenant à marcher pied nu tout en évitant les punaises (que j'ai, pour l'occasion, rebaptisées "oursins").

Même le café de la salle de repos a désormais le goût prémonitoire d'un double-Martini-diabolo-menthe-sans-alcool.

Tout à l'heure, si les embruns se calment, j'irais à la pêche au merlu dans la salle des archives.
Pour tout vous dire, j'en suis arrivé au point où je sens presque le sable entre mes doigts de pieds (en éventail, comme les doigts de pieds de tout fonctionnaire que si respecte) : qu'on ne me demande rien, mon esprit a sorti son seau, sa pelle et son râteau, et a entrepris de bâtir une réplique de Chambord modèle réduit (comme d'habitude, le résultat ressemblera au Château de Crussol, mais si c'est bon pour les Ardéchois, c'est aussi bon pour moi).

Plus vrai que nature, le cri des mouettes résonne à quelques mètres de moi, sans doute parce que c'est l'heure de la sortie et qu'il y a des élèves plein les couloirs.

A moins d'une heure de la quille, plus que jamais, je le pressens, ce n'est pas le large qui prendra le fonctionnaire, mais le fonctionnaire qui prendra le large. Sans trop de décalage horaire.

Que serait, cependant, le farniente d'un après-midi à la plage sans un semainier qui ressemble, plus que jamais, à une grille de mots croisés (vide). Je vous laisse le soin d'en remplir les marges. Vous pourrez éventuellement vous en servir pour une bataille navale...

Bon long week-end à tous !

--


Le secrétariat de direction


Notice explicative : le château de Crussol est une curiosité locale à ne pas manquer, quand vous passez en Ardèche (mais quelle idée, aussi !), cependant le  moins qu'on puisse dire, c'est qu'il n'est pas en très très bon état. 

Notice explicative 2 : l'Ardèche est sans conteste le département le plus rural et le moins civilisé que la France ait jamais connu : connue pour ses châtaignes, ses routes en zig-zag et ses sangliers, elle ne possède ni gares, ni trains de voyageurs, ni électricité, ni eau courante, ni rien qui puisse évoquer une forme de civilisation ne serait-ce que rudimentaire. Accessoirement, depuis des siècles, elle est en guerre avec la Drôme de l'autre côté du Rhône, dont elle jalouse les fastes et le raffinement. Ce qui en fait incontestablement le meilleur running gag de l'univers, à égalité avec Mogadiscio. 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

L'Inclusion un point c'est tout

Où l'on reprend un peu la plume après quelques défections et messages paresseux, pour remettre les points à leur juste place, à savoi r : sur les i.   Bonsoir à tous, Au risque de vous choquer et en complément du planning ci-joint, figurez-vous qu'en 2024, aussi ubuesque que cela paraisse, il y a encore des gens qui utilisent l'écriture inclusive. Je sais. Moi aussi, ça m'a surpris, quand j'ai lu cette semaine " chef.fe.s " dans un mail rectoral, avant de courir me laver les yeux au gel hydroalcoolique (ça tombe bien, il en reste plein) (par contre, je comprends maintenant pourquoi mes parents m'ont appris que ce n'est pas bien de se rincer l’œil. En tout cas, je confirme que c'est très douloureux). Innocemment, quand les gourous de la socio ont lancé la mouvance pour se détendre entre deux ventes pyramidales (et sur le même principe), je m'étais dit : " bon, ok, c&#

It's the End of the Semainier as we know it (and I feel fine)

Où les conséquences (inattendues) du message de la semaine dernière nous contraignent à faire notre mea culpa et à mettre un terme à cette belle aventure. Bonsoir à tous, Comme attendu, vous trouverez ci-joint le planning (dense – mais sans les loups) de la semaine prochaine. Attention si vous prévoyez de l'imprimer : veillez à prévoir une ramette pleine et quatre cartouches de rechange (au moins). Et réservez un arpent de forêt Amazonienne pour parer à toute éventualité, tant qu'il en reste encore. * Concernant le message d'accompagnement, j'avais initialement prévu un briefing pour l'oral de DNB façon l' Ecole des Fans , avec une très belle imitation de Jacques Martin (y compris au niveau de l'abdomen), mais on a porté à mon attention cette semaine (à juste titre et avec beaucoup de bienveillance , c'était de circonstance) que les messages d'accompagnement en q

Coming Out

Où la triste actualité de ces dernières semaines a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase trop plein depuis longtemps, et où on troque l'humour contre le cri du coeur, quitte à se dévoiler plus qu'on ne le devrait.      Je me souviens d'Annecy, un autre, il y a longtemps. De la lumière, partout, surtout, du vert, du bleu, intenses, éblouissants, dans le ciel et la terre entre les montagnes et dans l'onde et sur le dos de l'herbe qui frissonne et les ronds qui clapotent en chœur parmi les vagues et le sillage des pédalos. Je m'y suis brûlé la rétine à force, brûlé les poumons d'inspirer trop fort, gavé de couchers de soleil jusqu'à vomir des arc-en-ciels. Je me souviens le vent. Je me souviens les voix, les rires sur les bateaux, ivres d'un éternel parfum de printemps couleur d'apéro en terrasse. Annecy, mes premières bouffées d'air. Mes premiers pleurs. Mes premiers cris