Où les professeurs restent fidèles au poste (ils y sont un peu obligés) mais les élèves, beaucoup moins (même s'ils y sont obligés aussi, en théorie), les voyages à l'étranger tant beaucoup moins chers quand on réserve mi-juin.
A toi, oui, toi qui, chaque vendredi soir, soupires et désespères à l'idée de passer deux jours oisifs loin des coursives du Collège, tel Romeo séparé de Juliette, Simon sans Garfunkel ou Tom Hanks sur une île déserte, réduit à faire cours à une salle entière remplie de ballons gonflables (ceux qui ont vu le film comprendront, les autres devront attendre lundi pour me demander des explications).
Toi qui te connectes à Sconet en secret, le samedi soir, dans les vestiaires du Macumba, juste pour avoir ta dose d'Education Nationale quotidienne, et qui pestes parce que la page mouline dans le vide.
Toi qui sens comme un vide dans ton cœur quand tu n'entends plus ni brouhaha, ni éclats de voix, ni grossières joyeusetés lancées au détour d'un couloir bondé (au mépris, souvent, des principes de biologie les plus élémentaires), et qui vis la paix du silence comme un acouphène. Toi qui rêve d'une semaine de sept jours travaillés et d'années bissextiles, je dédie cette bonne nouvelle : contrairement aux apparences et comme te le confirmera le semainier ci-joint, non, l'année scolaire n'est pas terminée.
Oh, bien sûr, pendant que nous serons tous enfermés qui dans nos salles de cours, qui dans nos bureaux respectifs (oui, j'essaie d'écrire comme Victor Hugo. Vous me direz si c'est convaincant), nombre de vos petits protégés seront déjà en train qui de bronzer sur les plages de Bali, qui de faire du Windsurf à Hawaii, qui de sauter en parapente du haut de la Cordillère des Andes ou qui de goûter aux joies simples d'une "réunion familiale solennelle", comme l'appellent les initiés, sur une terrasse en stuc à 200 mètres de l'outback Australien... nous pourrions même en concevoir quelque envie légitime - nous qui n'irons pas plus loin que le Vercors dimanche pour une rando dans les cailloux.
Mais réjouissons-nous, au contraire, de nous retrouver tous ensemble, dès lundi, aux premières lueurs de l'aube, les paupières lourdes d'un sommeil guillotiné par un réveil d'humeur révolutionnaire (il n'y a que les aristocrates qui dorment au-delà de 6 heures du matin) pour avancer ensemble, fièrement, mains dans la main, dans les tranchées (nobles mais semées d'embûches) de la reconquête du mois de juin.
Vous souhaitant un excellent week-end pas-trop-travaillé-non-plus,
Bien cordialement,
--
Le secrétariat de direction
Notice explicative : la "réunion familiale solennelle" est l'équivalent parental du chien qui a mangé le carnet de correspondance. Elle justifie les absences anticipées de leurs progéniture, et a souvent lieu dans un pays où il fait chaud, une ou deux semaines avant les vacances. En qualité de personnel administratif rigoureux, je suis tenu de faire semblant d'y croire avec beaucoup de conviction.
A toi, oui, toi qui, chaque vendredi soir, soupires et désespères à l'idée de passer deux jours oisifs loin des coursives du Collège, tel Romeo séparé de Juliette, Simon sans Garfunkel ou Tom Hanks sur une île déserte, réduit à faire cours à une salle entière remplie de ballons gonflables (ceux qui ont vu le film comprendront, les autres devront attendre lundi pour me demander des explications).
Toi qui te connectes à Sconet en secret, le samedi soir, dans les vestiaires du Macumba, juste pour avoir ta dose d'Education Nationale quotidienne, et qui pestes parce que la page mouline dans le vide.
Toi qui sens comme un vide dans ton cœur quand tu n'entends plus ni brouhaha, ni éclats de voix, ni grossières joyeusetés lancées au détour d'un couloir bondé (au mépris, souvent, des principes de biologie les plus élémentaires), et qui vis la paix du silence comme un acouphène. Toi qui rêve d'une semaine de sept jours travaillés et d'années bissextiles, je dédie cette bonne nouvelle : contrairement aux apparences et comme te le confirmera le semainier ci-joint, non, l'année scolaire n'est pas terminée.
Oh, bien sûr, pendant que nous serons tous enfermés qui dans nos salles de cours, qui dans nos bureaux respectifs (oui, j'essaie d'écrire comme Victor Hugo. Vous me direz si c'est convaincant), nombre de vos petits protégés seront déjà en train qui de bronzer sur les plages de Bali, qui de faire du Windsurf à Hawaii, qui de sauter en parapente du haut de la Cordillère des Andes ou qui de goûter aux joies simples d'une "réunion familiale solennelle", comme l'appellent les initiés, sur une terrasse en stuc à 200 mètres de l'outback Australien... nous pourrions même en concevoir quelque envie légitime - nous qui n'irons pas plus loin que le Vercors dimanche pour une rando dans les cailloux.
Mais réjouissons-nous, au contraire, de nous retrouver tous ensemble, dès lundi, aux premières lueurs de l'aube, les paupières lourdes d'un sommeil guillotiné par un réveil d'humeur révolutionnaire (il n'y a que les aristocrates qui dorment au-delà de 6 heures du matin) pour avancer ensemble, fièrement, mains dans la main, dans les tranchées (nobles mais semées d'embûches) de la reconquête du mois de juin.
Vous souhaitant un excellent week-end pas-trop-travaillé-non-plus,
Bien cordialement,
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Le secrétariat de direction
Notice explicative : la "réunion familiale solennelle" est l'équivalent parental du chien qui a mangé le carnet de correspondance. Elle justifie les absences anticipées de leurs progéniture, et a souvent lieu dans un pays où il fait chaud, une ou deux semaines avant les vacances. En qualité de personnel administratif rigoureux, je suis tenu de faire semblant d'y croire avec beaucoup de conviction.
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