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Sa Majesté des Mioches


Où les élèves s'apprêtent  à élire leurs représentants au Conseil de Vie Collégienne, et à découvrir que les promesses politiques ne sont pas nécessairement destinées à être tenues...



Pauvres de nous !

C'était hier encore : nous étions jeunes, nous étions beaux, nous étions insouciants, nous pensions naïvement que jamais rien ne changerait au Collège Jean Roucas, nous tenions pour acquis notre petite routine rassurante - contre laquelle nous pestions parfois, mais sans véritable conviction, conscients de la chance que nous avions de travailler tous ensemble dans ce cadre idyllique (ou pas loin). Bien sûr, nous râlions par moment, parce que nous restons français avant tout, mais nous n'oubliions pas combien les choses pouvaient être pire ailleurs et nous étions reconnaissants envers le grand Dieu Mutation.

Du moins, jusqu'à présent.


Car la semaine prochaine, les élèves vont élire leurs représentants au Conseil de Vie Collégienne.


Or si j'en crois les professions de foi qui sont affichées dans le hall, à compter du 28 novembre, tout va basculer.


En effet, si nous ne nous mobilisons pas sans tarder, voilà ce qui va arriver :


- A la cantine, ce sera frites à tous les repas (en entrée, en viande, en légume, en dessert. Peut-être même en boisson, c'est encore en pourparlers, Jean Eude va en passer une poignée au mixer ce week-end pour voir ce que ça donne) (Imaginez : "aujourd'hui, le chef vous propose ses fameuses frites aux frites, servies avec leur sauce aux frites et accompagnées d'une petite julienne de frites marinées dans les frites". Est-ce vraiment ce que nous voulons ?),


- Les cartables seront allégés en livres, cahiers, classeurs, pour laisser plus de place aux bonbons et au chips (afin que tout un chacun puisse tromper sa faim entre deux assiettes de frites grand veneur sur lit de coquillettes en gratin).


- Le téléphone sera utilisable partout, tout le temps, même le Galaxy Note 7 tristement connu pour exploser inopinément (au mépris du plan Vigipirates).

- Les élèves viendront en cours en short. Parfois même en SHORT ASYMETRIQUE (mais je me comprends) ! Chacune de vos journées de professeur ressemblera à une version Kiabi des Reines du Shopping.


- La sonnerie marquant la fin des cours sera remplacé par du Jul, du Maître Gims et/ou du Colonel Reyel (et nous serons sourds en deux jours - pour les plus chanceux d'entre nous !).


- Ils organiseront un bal de fin d'année à l'américaine (et si j'en crois ma longue expérience des séries pour ado, ce sera à vous de jouer les chaperons, et le bal se terminera par une catastrophe, un incendie ou une attaque de vampires) (ou les trois à la fois, quand le scénariste bénéficie d'un "budget illimité" au niveau de ses propres crédits pédagogiques)


- L'orthographe-grammaire ne sera plus qu'un douloureux souvenir, vestige d'une époque archaïque où on conjuguer les verbe et où on mettre des "s" aux mot au pluriel (haha kel épok 2 louzeur).


Par extension, je prédis qu'il ne faudra pas trois mois avant que soient organisés les premiers Hunger Games locaux et que nous autres, adultes de l'établissement, nous trouvions lancés dans l'arène par ces joyeux bambins. J'ai lu sa Majesté des Mouches. On ne me la fait pas. C'est pourquoi je préviens d'ores et déjà mon futur adversaire : depuis que j'ai senti le vent tourner, je m'entraîne tous les jours, je muscle ma poigne d'airain en agrafant des liasses de dix, vingt - parfois même trente ! - feuilles blanches grammage 80 (tu fais moins le fier, hein, tout à coup ! Tu fais moins le fier !) et je teste ma détermination en essayant de joindre le service informatique.


Je pense que je suis prêt.


Par ailleurs, étant à demi-belge (ce qui explique pas mal de choses, n'est-ce pas ?), je n'ai rien contre les frites.

Je penser que j'avoir des chance de m'adapté.

Et vous ?




Vous souhaitant un excellent week-end,



Bien cordialement,




Le secrétariat de Direction

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