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Les voyages déforment la jeunesse

Où les professeurs profitent du week-end pour boucler leurs bagages, et commander assez de boules Quiès pour tenir une semaine ou deux.



Bonsoir à tous,



En premier lieu, peut-être serez-vous surpris d'apprendre que je vous écris ce petit mot d'accompagnement loin du collège, assis sur un petit siège en plastique recyclé qu'on croirait tout droit sorti d'une maison playmobile à l'échelle 1/1ème, dans un aéroport bondé d'individus possédés par le démon de la caféine, les yeux globuleux, en transe ("Nespresso pur Arabica, sors de ce corps !"), tandis que leurs enfants réinterprètent tout le répertoire des choristes, mais en version "ouin-ouin" (le heavy metal, à côté, autant dire que c'est du Frédéric François).

Patiemment, j'attends que mon vol soit annoncé, puis annulé, puis ré-annoncé à un autre quai d'embarquement, situé à l'autre bout du bâtiment, avant d'être différé, puis basculé sur une autre compagnie, laquelle fera deux jours d'escale en Transylvanie ("mais vous verrez, c'est très beau la nuit, et les autochtones sont très accueillants. On en revient sous le charme, pour ne pas dire... mordu ! Oh oh oh oh !").

Parce qu'il n'y a pas de raisons que ce soit toujours les mêmes qui partent en voyage, que ce soit à Die, en Angleterre, en Italie, ou juste à côté, à Mogadiscio... Alors j'ai décidé, d'un commun accord avec moi-même, de m'envoler moi aussi vers d'autres horizons que la raison professionnelle ignore.

Je rêvais d'aventures sauvages et de retour à l'essentiel, mais l'Ardèche était trop sauvage et trop "à l'essentiel" pour moi, aussi ai-je finalement opté pour la Finlande, terre de mes rares ancêtres qui n'étaient ni belges, ni américains, ni catalans (autant vous dire qu'ils n'étaient pas plus de deux). C'est donc sans remords que je vous abandonne toute une semaine pour aller voir les morses ; et même que si je les re-vois le lendemain, ce sera des re-morses, et donc ce sera un peu la même chose, mais en moins existentiel (je le rappelle, nous sommes vendredi soir, merci pour votre indulgence).


Etant un modèle d'implication administrative, j'envoie quand même le planning de la semaine à venir (ci-joint) aux malheureux sédentaires qui ont tiré la courte paille, en leur souhaitant plein de courage local et de pugnacité régionale. Qu'ils n'hésitent pas à se dépayser en programmant une petite promenade au parc de Kimpert. Avec un peu d'imagination, en lisant les panneaux vite fait, ils pourront s'auto-persuader qu'ils sont en Bretagne. Surtout s'il pleut ce jour-là. Et davantage encore si des gens les poursuivent avec des fourches parce qu'ils n'ont pas le bon chiffre sur leur plaque d'immatriculation (oui, j'adore la Bretagne, mais ce n'est pas réciproque). Car c'est cela, aussi, les voyages, l'expérience humaine, la confrontation avec d'autres cultures (parfois hostiles) !

Aussi vous souhaité-je bon vent, matelot, hisse-ho, hisse-ho Santiano, ce qui est complètement absurde puisque je m'en vais par la voie des airs (peut-être) - je vous donne rendez-vous dans sept petits jours, sauf si je décide de couper par le pôle nord "parce que Via Michelin a dit que c'était plus économique".

Et pour citer une grande philosophe (et poète) contemporaine :

Voyage, voyage
Plus loin que la nuit et le jour
Voyage voyage
Dans l'espace inouï de l'amour.

Ce qu'elle a voulu dire par-là, par contre, nul ne le sait (il faut dire que c'est un peu tiré par les cheveux, ce qui explique bien des choses)... seulement bon, ça rime, donc c'est forcément profond (vieux souvenir de cours de Fac).

Vous souhaitant un week-end dépaysant, que ce soit pour les yeux ou pour les oreilles,


Bien cordialement,


--


Le secrétariat de direction

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