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Un Conte de Noël



Quel que soit votre QI (nous ne jugeons pas), je pense que vous aurez aisément deviné le thème imposé de cette semaine.

C'était la belle nuit de Noël. Les flocons de neige dansaient dans le ciel comme des petits lutins, des rosaces miniatures trempées dans du sirop de sucre glace tandis que l'asphalte, peu à peu, prenait l'aspect appétissant d'un grand gâteau au chocolat.


Ce soir-là, toutes les maisons du quartier brillaient, ressemblant vues du ciel à une longue guirlande électrique, oubliée là par quelque géant étourdi, tortillée sur elle-même en nœuds de fenêtres et de porches multicolores.


Et au coeur de ce maelstrom d'attentes, de joie, d'espoir et de barbapapa, le nez collé à la fenêtre, le petit Timmy somnole en contemplant le ciel nocturne.


Il a été sage, cette année.


Même si ses camarades n'ont pas cessé de se moquer de lui parce qu'il n'a qu'un seul Y dans son prénom, et pas de H ou d’apostrophe ("ah non mais quel ringard !"), ou parce qu'il ne s'appelle pas non plus comme un personnage de Beverly Hills, cette série pour les Grands qui a, paraît-il, façonné en son temps les plus brillants esprits du XXIème siècle.


Même si son téléphone portable ne lui permet que d'appeler ou de répondre, et si ça fait de lui la risée de toute l'école ("un téléphone qui sert à téléphoner, ah non mais quel ringard !").

Même s'il a eu plus d'une fois envie d'écraser son petit poing rose sur le nez boudiné de Kev'hyyn, la terreur de la cour de récré.

Chaque fois, il lui suffisait d'imaginer la déception du Père Noël, ses sourcils désapprobateurs et sa mine renfrognée, pour que ses idées noires s'envolent avec le vent.


Et voilà que patient, les narines fixées au carreau en ronds de buée éphémères, il attend la venue du vieux bonhomme en rêvant au vaisseau Star Wars et au pistolet de l'espace qu'il lui a commandés.

Pour le remercier, il a prévu quelques biscuits au chocolat de sa réserve personnelle et un verre de lait frais. Il a même appris à chanter "Jingle Bells" tout en anglais (parce que l'esquimau, c'était un peu trop compliqué quand on a que sept ans, à cause des triphtongues et tout ça).


Et voilà que soudain, alors qu'il n'y tient plus et que ses paupières tombent, le miracle se produit !


Des lumières éclaboussent le ciel, des bleues, des jaunes, des vertes, qui clignotent et tournoient comme un manège de fête foraine !


C'est Rudolphe, c'est sûr !


Le petit rennes volant au nez rouge, le copain de tous les enfants, et son attelage multicolore plein de jouets et de sucres d'orge !


Émerveillé, Timmy sent une grande lumière le baigner et ses pieds décoller du sol.


"Papa Noël ! Papa Noël", crie-t-il avec excitation ! "Emmène-moi en tournée, Papa Noël !".

Comme pour exaucer son souhait, l'air vrombit autour de lui.


Il ne le sait pas encore mais cette année, Timmy fêtera Noël sur Ganymède, attaché à une table d'opération en vibranium, pendant que des extraterrestre aux crânes proéminents lui colleront un émetteur dans le nez.


En cela, il ne connaîtra pas sa chance : celle d'avoir échappé à la journée administrative de lundi, aux grèves SNCF, au grand bêtisier de TF1 et au semainier de la rentrée ci-joint.


Quelle chance Timmy !

Sois fort !

On aimerait tous être à ta place !


*


Pendant ce temps, sur Terre, deux silhouettes familières se disputent sur le perron de chez Timmy :

- Mais enfin, Mulder ! Tu ne vas quand même pas me faire croire que ce petit garçon a été enlevé par le Père Noël ?

- Et qu'est-ce que tu en sais, Scully ? Peut-être que le Père Noël était là, sur cette terre, depuis bien avant nous ? ! Peut-être que c'est nous, les intrus, sur cette planète ? ! Réfléchis un peu ! Un traineau volant qui peut faire le tour de la terre en une nuit ! Un être mystérieux qui vit au Pôle Nord et qui parle toutes les langues humaines ! ça ne te rappelle rien ? Dans toutes les légendes, on trouve des références à des créatures de ce genre ! Alors peut-être qu'il s'agit d'un extraterrestre qui vient d'une galaxie lointaine et que pour une raison physiologique dont nous ignorons tout, il se nourrit des phéromones produites par les enfants pas sages ?


- Mulder, reprends tes esprits. Tu ne crois quand même pas qu'il existe vraiment un gros bonhomme rouge qui descend par la cheminée la nuit de Noël ?


- Et Eugène Victor Tooms, alors ? Je te rappelle que lui, il passait par la fente des boites aux lettres pour entrer chez les gens ! Et c'était même pas un extraterrestre !


- Mulder, je ne sais pas comment ils ont pu te laisser entrer au FBI mais il faut que tu arrêtes la bibine.


*


Plus tard, encore, alors que les esprits se sont calmés :


- Au fait, Scully. Tu n'as pas vu Carole, ma nouvelle secrétaire ?

- Si, elle a posé sa journée, j'ai oublié de t'avertir. Je crois qu'elle a fait un saut au salon de massage. Chris est revenu de ses congés.

- Tu veux dire que Chris masse Carole ?

- Mulder, si tu tiens à ton poste, arrête aussi les calembours.



*



Vous souhaitant à tous de très bonnes vacances, et de belles fêtes de fin d'année (avec les rencontres du type de votre choix !),


Bien cordialement,

--

Le secrétaire de direction

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