Aujourd'hui, nous avons reçu la nouvelle imprimante de Madame la Principale, et pour une raison qui m'échappe encore, ce fut à moi de l'installer - ce qui ne fut pas sans difficultés, compte tenu de sa sophistication de l'espace du futur analogique nucléaire. Et pourtant, j'ignorais alors que le plus ardu dans l'affaire serait d'enregistrer l'extension de garantie Sérénité+ sur le site du fabriquant, et que ça me boufferait quasiment tout l'après-midi pour un résultat plus qu'incertain (pour donner dans l'euphémisme). Aussi ai-je fini par craquer et par écrire au service relation clients :
Madame, Monsieur,
Je pense que votre site a été conçu exprès pour me faire payer les péchés de mes vies antérieures. Même si ce n'était pas vraiment moi à l'époque, je regrette amèrement d'avoir cassé le vase de Soisson, d'avoir volé l'orange du marchand et d'avoir comploté avec Milady de Winsor pour voler les ferrets de la reine. C'était très vilain, votre site me l'a bien fait comprendre, et je le regrette aujourd'hui.
Je n'ai jamais été aussi peu serein de ma vie que depuis le moment où j'ai essayé d'enregistrer mon extension de garantie Sérénité+ en ligne - ce qui, avouons-le, n'est pas ce qu'on peut appeler un bon début. Votre site se moque de moi, je l'entends glousser à chaque fois que je clique sur un lien qui me renvoie à une page où je clique sur un lien qui me renvoie à la page précédente, sous le regard goguenard de gens sur les photos qui ont tous l'air beaucoup plus sereins que moi, ce qui ne fait qu'accentuer mon absence croissante de sérénité.
D'une minute à l'autre, je m'attends à voir débarquer dans mon bureau un technicien Brother en imper noir, qui me proposera de prendre la pilule bleue ou la pilule rouge (lesquelles auront la forme de consommables Brother Cyan et Magenta), ce que je ne pourrais faire que si je clique sur l'onglet de l'onglet du clic de l'onglet du clic du clic de l'onglet du clic, mais seulement à cloche-pied et après avoir lu les six pages de la FAQ en haut à gauche, sous la photo géante de la femme qui sourit le regard dans le vague en fixant son ordinateur avec un air apaisé, sans doute parce qu'elle n'a PAS essayé d'enregistrer sa garantie Sérénité+ sur le site, ELLE.
Alors c'est vrai, je pourrais relâcher un peu la pression en donnant des coups de pied à l'imprimante Brother que je viens d'installer, mais je n'ose pas... vu que je ne suis pas sûr que la garantie a été bien enregistrée.
(pardon, je suis allé pleurer un peu dans notre salle d'archives)
Alors je rédige ce message comme une bouteille à la mer (du Jack Daniels, sans doute, que j'ai sifflée toute entière en un coup après avoir essayé cinq fois de vous envoyer un courriel à cette adresse en utilisant le formulaire du site - qui, je vous le rappelle, me hais -, au prix de mes dernières bribes de santé mentale ; tout ça pour obtenir ce texte impersonnel en caractères d'un rouge que je n'ai pas trouvé très serein non plus : "We experienced a technical difficulty while processing your request. Your data may not have been correctly saved". C'est-à-dire que ce n'est même pas que mon message n'a pas été transmis à vos services, non, c'est qu'en fait on n'en sait rien, p't'ète ben qu'oui, p't'ète ben qu'non, t'auras p'tète une réponse et p'tète pas, est-ce que tu te sens en veine ces temps-ci cow-boy ?).
Tout ça pour dire qu'il se peut que vous ayez reçu cinq fois le même message de ma part, ou que vous ne l'ayez pas reçu du tout, et je ne me fais pas trop d'illusions quant au sort que votre site réserve à celui-ci mais au cas où, je tenais à m'excuser d'avoir ainsi saturé votre boîte de réception. Je suis d'un naturel conciliant : malgré ces cinq messages une seule réponse suffira.
Et comme je veux croire qu'il y a encore du bon en ce monde (monsieur Frodon), et que peut-être un jour vous pourrez lire mes mots et y répondre, je vous copie-colle ci-après le message en question, dont vous pourrez pleinement apprécier la sérénité+ : "......"
Bien cordialement,
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Le secrétaire de direction
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