Où le CPE passe sans transition (ou presque) du thème des pirates à celui des contes de fées. Me fera-t-il passer par toutes les couleurs des grands genres populaires ? Nous le saurons bientôt.
Il était une fois, au Collège Jean Roucas.
Comme chaque vendredi à 17h15, le secrétaire de direction court
jusqu'à sa voiture, qu'il pleuve, qu'il neige, qu'il vente (et
même qu'il fasse un temps intermédiaire avec un peu de bruine et
un vent tiède de nord-nord ouest), de crainte que l'heure
fatidique ne sonne et que son véhicule ne se retransforme en
citrouille - encore que comme c'est une Dacia, on ne verrait pas
forcément la différence (à part l’attelage de souris monté à
l'extérieur, plutôt qu'au chaud sous le capot).
En cette fin de semaine attendue de longue date (cinq jours, au moins), il ne peut penser qu'à une chose : rentrer chez lui, quitter sa veste, enfiler ses pantoufles de verre, même si bon, ça fait froid au pied et en plus ça coupe, mais quelle idée aussi d'avoir acheté ces machins par correspondance, fichues promos Ventes Privées, en plus il perd toujours la droite et des messieurs bizarres la lui rapportent à des heures inconvenantes, mais au moins, c'est assorti à sa robe de chambre en laine (de verre également. ça gratte un peu mais ça stimule la circulation du sang - de l'intérieur vers l'extérieur du corps, principalement, mais hé ! C'est toujours ça de pris).
Car si de par sa fonction, sa maturité émotionnelle et son
engagement féministe (lequel consiste à se laisser régulièrement
appeler "madame" par mail ou au téléphone), il se rapproche plus
de la princesse en détresse (et encore : plutôt de
l'arrière-petite cousine de la princesse en détresse par alliance,
celle qui est borgne et qui a un pied bot) que du prince charmant
sur son beau cheval blanc, il doit bien reconnaître que travailler
au collège Jean Roucas a tout d'un conte de fées.
Tantôt Belle au Bois Dormant (entre midi et deux ; et à peu près
tout le reste du temps aussi, mais les yeux ouverts, c'est
beaucoup d'entraînement), tantôt Sept Nains à lui tout seul
(mention spéciale à Grincheux et Simplet, qu'il interprète à la
perfection), tantôt Petit Poucet, quand il sème ses trombones sur
la voie menant au photocopieur, il est le genre d'hurluberlus
capables de prendre le signal de l'exercice incendie pour la
petite sirène.
Alors c'est vrai, il regrette que le projet de construction d'une maison en pain d'épice dans la cour du collège n'ait pas pu aboutir, faute d'argent dans les caisses (le cours du pignon à la bourse a flambé ces dernières années - ce qui lui fait un point commun avec la sorcière d'Hansel et Gretel. C'est toujours ça de pris aussi) mais dans l'ensemble, il y trouve son conte, même s'il apprécierait trouver un peu moins de lutins farceurs dans les couloirs, et un peu plus d'Excalibur dans les rochers (il paraît que quiconque l'en extirpe passe automatiquement catégorie B).
Et parce que dans les contes, tout le monde s'aime d'amour pur et
les oiseaux chantent dans un français plus correct que celui de
Jul ou d'Aya Nakamura (quand les oiseaux parlent mieux ta langue
que toi, c'est qu'il est temps de mettre en place un PPS. Je dis
ça, je dis rien), le secrétaire de direction vous propose
ci-joint, en partenariat avec la magie de ses Marraines les Fées
(S.A.R.L. au capital de deux millions d'euros), de découvrir de
quel bois sera faite la semaine prochaine (taillée par Gepeto
lui-même, excusez du peu).
Dans l'attente, le secrétaire de direction vous souhaite un
week-end enchanté, au calme ou en chanteur,
Bien cordialement,
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