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EXCELSIOR !

Où pour la dernière de l'année, le CPE ne trouve rien de mieux que de me sommer de placer plusieurs citations tirées des films Marvel, alors que j'ai 160 dossiers de nouveaux élèves de 6ème à enregistrer. Quel monstre. Et en même temps, c'est son anniversaire et il avait ramené un gâteau, alors je lui devais bien ça...


Connaissez-vous les Marvel ?

Pour ceux d'entre vous qui ne jurent que par le cinéclub arty du coin, et qui ne s'abaisseraient jamais à aller voir un film qui aurait moins de quatre T dans Télérama (ou un seul ours d'or à Berlin, la honte !), les Marvel, ce sont des gens normaux, c'est-à-dire comme vous et moi (mais plus comme vous que comme moi, vu qu'ils sont normaux. CQFD), dotés par la destinée (ou par un compteur Linky mal réglé) de super-pouvoirs hors du commun comme la capacité de savoir lire correctement une fiche de paie ou de pouvoir remplir une agrafeuse sans l'aide d'une tierce personne, et qui se battent contre les forces du mal à longueur de journée (comme les gens sur Twitter, mais pour de vrai).

A titre d'exemple, le fameux point médian de l'écriture inclusive (contre lequel je peste plus souvent qu'à mon tour), ils profitent d'un effet d'homophonie providentiel pour le coller dans la figure de leurs adversaires.

Il fallait y penser.

Sauf qu'en 2021, pour avoir la cote, les super-pouvoirs ne suffisent pas, il faut aussi avoir la classe (ou prendre un menu familial à l'Hippopotamus, en choisissant consciencieusement sa pièce de bœuf et en omettant l'accent circonflexe). Ce qui implique de porter des collants en lycra fluo tricolores (minimum), un peu à l'image des maillots de bain qu'on vend chez Desigual - en plus sobre et de meilleur goût. Mais aussi - et surtout : pour avoir la cote, un héros se doit d'avoir toujours le bon mot au bon moment. 

Ainsi les films narrant leurs aventures sont-ils parsemés de déclarations grandiloquentes (dont s'inspirent beaucoup les tracts syndicaux), et que nous pourrons sans peine adapter au cadre de l'Education Nationale.

Prenez un méchant qui viendrait nous menacer en annonçant "J'ai une armée" (sous-entendu : "...stationnée en double file à l'entrée du Collège, il faudrait juste que l'agent de loge appuie sur le bouton pour ouvrir le portail, merci"), on pourrait lui répondre sans sourciller : "nous, on a un secrétaire élève" (lequel vaut une armée à lui tout seul, on a pu le vérifier cette année puisqu'il était sur tous les fronts - et certaines murmureraient dans les couloirs, le rouge aux joues, qu'il aurait cela de commun avec les tanks qu'il est canon. Et accessoirement, que je serais son boulet. Ce en quoi je ne saurais pas leur donner tort).

A un parent d'élève qui houspillerait le CPE en lui criant "je suis inéluctable !" (ou plus généralement : "Je vais écrire au rectorat !", mais ça revient au même), l'intéressé pourrait répondre "Et moi, je suis François Virgot" (de son vrai nom) - avant de faire disparaître l'importun d'un claquement de doigts (ça marche à tout les coups, il paraît, mais ça demande des années de pratique, il y a des camps d'entraînement CPE exprès pour ça, le concours ne suffit pas).

Du côté de l'intendance, on vous dira plutôt que "quiconque possèdera un passe général, s'il s'en trouve digne, recevra le pouvoir d'ouvrir toutes les salles de l'établissement" (dans le film d'origine, il est dit que quiconque saura chanter "si j'avais un marteau" sera digne de Michèle Tor, mais je n'ai jamais trop bien compris le rapport) (encore que certains traduisent la phrase d'origine par "quiconque possèdera ce marteau, s'il s'en trouve digne recevra le pouvoir de Thor", mais j'ai des doutes sur leur niveau d'anglais, ça ne veut strictement rien dire).

Moins ambitieux (ou, disons : davantage conscient de ses capacités véritables), le secrétaire de direction serait plutôt du genre à adopter la maxime du grand philosophe Drax le Destructeur, ex-criminel intergalactique notoire et désormais Gardien de la Galaxie : "quand je reste immobile, je deviens invisible".

A priori, ça marche - sauf que pas encore assez à son goût (raison pour laquelle ledit secrétaire "est toujours en colère") (à moins que ce soit parce qu'on ne le laisse pas dormir plus de soixante dix ans sur la pause méridienne ? Un peu des deux, sans doute).

Mais au-delà de toutes ces digressions et développements tirés par les cheveux (imposés comme défi par ledit Monsieur CPE - dont c'est l'anniversaire, je ne pouvais pas refuser), l'occasion m'est donnée de tirer mon chapeau aux héros, aux vrais, ceux sans effets spéciaux et qui mouillent la chemise pour tirer le monde vers le haut, à leur niveau, au quotidien, dans les établissements scolaires, et qui sont nos Marvel à nous, tous autant que... vous êtes.

Le film de l'année est terminé, il ne fut pas de tout repos cette fois encore, les bad guy Confinementor et Consignosanitus vous auront donné du fil à retordre mais vous avez vaincu, et vous allez pouvoir bientôt poser les armes pour savourer un repos mérité... jusqu'à la prochaine aventure !

Aussi est-il grand temps pour moi de lancer le générique de fin et le thème musical ronflant (au moins autant que moi, de jour comme de nuit) qui va avec.

Sauf qu'attention !

Dans tous les films Marvel, il y a encore une séquence après le générique, dont le semainier ci-joint vous livrera le détail.

Pour citer mon presque-sosie Tony Stark (génie, milliardaire, playboy, philanthrope, c'est inscrit sur sa carte de visite) (sur la mienne aussi, mais en plus petits caractères) :

La fin fait partie du voyage


C'était le dernier message d'accompagnement de l'année.


A vous les studios, et bon week-end !


Bien cordialement,

 

--

 

Le secrétaire de direction

Stan Lee par intérim

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