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L'insoutenable légèreté des permanences administratives

 Où comme d'habitude, les professeurs sont en vacances, mais pas nous.


Bonsoir à tous, et bonnes vacances !


Or qui dit vacances dit aussi permanences administratives, l'occasion pour moi d’éclaircir l'un des plus grands mystères de l'Education Nationale.

Car vous êtes nombreux à vous demander (à juste titre) ce qui peut motiver un individu sain d'esprit (bon, ok, pas forcément moi, là, je parle en général) à revenir au collège un lundi de congé, alors qu'il pourrait faire des trucs plus constructifs comme dormir jusqu'à deux heures de l'après-midi ou jouer à la crapette.

Passant les trois quarts de mon temps en salle des professeurs, cachés dans le pot du ficus, pour écouter vos discussions et les rapporter à monsieur le Principal, je sais que de nombreux bruits de couloir circulent, et pas seulement ceux que les élèves produisent artisanalement à la bouche avec le talent qu'on leur connaît (on ne peut pas être mauvais partout), mais aussi des rumeurs comme quoi "les permanences administratives, ce ne serait pas très sérieux", voire "un peu la fête", voire carrément "la croisière NRJ Music Awards, avec champagne, DJ et jeunes femmes en maillots à volonté" (mais sans le mal de mer et l'absence d'amour-propre).

Permettez-moi de vous détromper tout de suite, ce ne sont que des légendes urbaines.

Alors effectivement, nous avons sollicité le rectorat pour savoir si nous étions habilités à accueillir des jeunes femmes en maillot sur notre temps de travail, c'est vrai, par pure curiosité professionnelle et sans arrières-pensées. A quoi sa réponse a été formelle : "oui, mais il faut que ce soit dans le cadre des vacances apprenantes". Et comme c'était trop de boulot, d'apprendre des trucs aux gens (vous en savez quelque chose), nous n'avons pas donné suite.

Niveau DJ, nous avons bien de temps en temps Jean-Michel Tuning qui vient garer sa golf GTI devant le collège, avec dans son lecteur CD la compile des plus beaux Boom-Boom de 1900 à nos jours (inclus : les travaux dans Paris et la 1ère Guerre Mondiale), mais le reste du temps, comme le secrétaire élèves n'aime pas Franky Vincent (qu'il trouve trop cérébral), je le laisse nous mixer une sélection des plus belles musiques tristes des chevaliers du zodiaque, ça lui fait plaisir et moi, ça me permet de mieux comprendre pourquoi je suis en dépression depuis l'adolescence.

(Ce thème s'intitule très sobrement : "laissez-moi rentrer chez moi et m'enfermer à double tour jusqu'au lundi 8 inclus" : 

 


).

Histoire de bien profiter de l'ambiance (glaciale, et par conséquent à température ambiante), l'année dernière, j'ai essayé de bricoler une paire d'enceintes avec les moyens du bord mais comme tout ce que j'ai fait en techno en quatre ans de collège, c'est utiliser le fer à souder de l'établissement pour fondre la boîte de ma calculatrice (mes parents furent si fiers !), ça a failli se terminer en exercice incendie surnuméraire. Depuis, nous sommes donc encadrés par un personnel de direction, dont la mission est de veiller à ce que nous foutions pas le feu au collège, ni ne volions pas des fournitures de bureau (mettant un terme prématuré à mon trafic de chaises à roulettes. Dommage). 

Mais trêve de généralités !

Un journée administrative, dans les faits, ça commence traditionnellement à 8 heures.

Enfin, ça, c'est pour le secrétaire élève.

Moi je débarque traditionnellement deux heures plus tard, parce que j'ai passé vingt minutes à tenter de sortir la voiture du garage sans rouler sur les escargots, et les cent minutes suivantes à pleurer au volant parce que je les ai tous aplatis, même ceux sur les murs, et que j'ai plié ma portière dans la manœuvre.

A cette heure-ci, notez pour votre info que j'arrive déjà pété comme un coing (non, ce n'est pas vulgaire, la cour de cassation a statué : c'est une "expression du terroir", fleuron de notre culture française avec "z'y va" et "wesh alors", mais incluant un participe passé, ce qui est trop la classe) ; pas parce que je bois dès le matin mais parce que je me mets du gel hydroalcoolique dès que quelqu'un me regarde ou pense à moi (on n'est jamais trop prudent. Chez moi, la distance de sécurité, elle s'évalue en kilomètres).

De 10 heures à midi, à contrecœur, je saisis vos heures supp' dans le logiciel, tout en m'évertuant à en détourner une ou deux pour mon compte personnel, en vain. Invariablement, le logiciel me répond "statut incompatible", ce qui est une façon polie de me rappeler que je n'ai pas le niveau scolaire pour aider un élève de collège en 2021 (si je pouvais, je lui répondrais très finement : "cé rien ke dé praijugeais, jé tout a fé le nivo !". Après quoi il se confondrait en excuses et me collerait une IMP compensatoire, un doctorat et les palmes académiques).

L'après-midi, je le consacre à ranger toute la paperasse des deux mois précédents, ce qui est un nom de code entre le secrétaire élève et moi pour dire que je fais une sieste digestive et qu'il ne faut pas faire d'appels micro ni clipser des trombones. De toute façon, il suffira que j'aie rangé tel ou tel document pour que vous en ayez besoin le lendemain, je le sais, ça me fait le coup à chaque fois. Par conséquent, je ne range plus rien, comme ça j'ai tout sous la main. Pas folle la guêpe. 

Sur ces entrefaites, il est 14h30, ce n'est plus trop le moment de s'atteler à quelque chose d'important, la journée est bientôt finie, alors je lance des élastiques sur le secrétaire élèves et je remplis des déclarations d'accident à chaque fois que je me fais mal au pouce.

Autant dire que je compte sur vous très fort pour venir nous ambiancer lundi (et si vous venez en maillot, au moins, choisissez celui de l'OM sinon le secrétaire élèves il va faire la tête et il est bien assez grincheux comme ça). Dans l'hypothèse très improbable où vous préféreriez rester chez vous, prenez au moins quelques minutes pour consulter le planning de la semaine de la rentrée ci-joint, en guise de soutien moral. Non parce que des musiques des chevaliers du zodiaque, il y en a quand même dix CDs, et on m'a confisqué mon fer à souder.

Les escargot, eux, courent toujours (presque aussi vite que moi)...


Vous souhaitant de très bonnes vacances, festives et reposantes,


Bien cordialement,

-- 
 
Le secrétaire de direction 

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