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Monstres et Compagnie

 Où à l'approche des conseils de classe et de la fin du port du masque obligatoire, Monsieur le CPE me commande de placer le mot "hydre", et Madame la Principale adjointe le mot "conditions météo" (ce qui en fait deux, techniquement, mais bon. Si la hiérarchie décide que ça n'en fait qu'un, ça n'en fait qu'un et puis c'est tout).


Bonsoir à tous,


Mauvaise nouvelle : vu la taille du planning de la semaine prochaine, on va avoir un boulot monstre.

Et quand je dis "monstre", je ne pense pas aux petits gabarits, ceux qui pourraient être scolarisés dans le collège sans qu'on voit forcément la différence, comme les gremlins, les leprechauns ou les corgis (dont je suis convaincu qu'ils pourraient faire monter la moyenne de l'établissement, au moins en sport, voire en mathématiques), mais bien le format XXL, King size, Maxi Best Of, Moi-après-la-raclette. Le genre Charybde et Scylla, ou Hydre de Lerne (à ne pas confondre avec Vincent Delerme, sachant que l'un est un monstre sanguinaire envoyé sur terre par les dieux pour nous punir, et l'autre est une créature mythologique célèbre dont chaque tête coupée repousse en double exemplaire - un peu comme les paquets de copies à corriger, en somme, mais avec des dents).

Ce qui nous rappelle la nécessité d'employer les bons mots à bon escient, avec le plus de précision possible : car quand nous évoquons "un boulot monstre", encore faut-il préciser à quel monstre on se réfère, ça peut changer beaucoup de choses, demandez aux victimes des goules et des succubes, le retour ne sera pas forcément aussi enthousiaste selon les cas.

Ce boulot sera-t-il un Ogre, alors, qui engloutirait notre temps libre et nos moments de joie avec l'avidité d'un moteur de recherches dans lequel on aurait tapé "vidéos de chatons mignons qui jouent du banjo", et réclamerait encore du rab' comme un jour de steak frites à la cantine ? Une sirène, peut-être, comme celle de l'alarme incendie de ce mardi 14h30 ?  Ou Jul, qui est une sorte de mix entre les deux ?

A moins qu'il s'agisse d'un Cyclope, ce qui expliquerait ces nuits d'insomnie où nous ne dormons que d'un oeil ?  D'un Croque-Mitaines, éventuellement, auquel nous ne saurions trop conseiller de s'inquiéter de son régime alimentaire (parce que les mitaines, en 2022, avec tout ce qu'on bouffe, c'est nutriscore D) ? D'une Gorgone, même, prompte à faire de notre quotidien un cauchemar prolétaire à la Emile Zola (d'où le Gorgone-Zola. Pardon pour ce calembour lamentable, mais c'est vendredi. Vous n'allez pas en faire tout un fromage, si ?).

En la matière, il n'y a que l'embarras du choix, au point que le semainier joint ressemble aux douze travaux d'Hercule, mais sans les biscotos, les RTT et les statues en bronze. Que voulez-vous, ma brave dame. C'est la chienlit. Nous ne savons plus vivre. J'aurais dû me douter qu'on n'était pas sur la bonne voie  quand ils ont commencé à démonter les colonnes grecques et qu'ils les ont remplacées par des tables de ping pong en béton. Traitez-moi de réactionnaire si vous voulez mais le temps d'avant, c'était quand même mieux avant.

Et puisqu'on parle de monstres, à partir de lundi, il va falloir se réhabituer à voir la partie basse du visage de nos interlocuteurs et alors là, clairement, moi, je ne suis pas prêt, j'ai totalement oublié à quoi ressemble un être humain entre les yeux et le thorax, on m'a bien parlé d'un nez et d'une bouche mais je refuse d'y croire, j'ai vu quelques photos sur internet, j'ai hurlé comme à un concert de Bruel, ce sont forcément des montages photographiques, ça ne peut pas exister des choses aussi laides en vrai ; ou alors la nature a un sacré sens de l'humour, en conséquence de quoi lui laisserai-je rédiger les prochains messages d'accompagnement à ma place.

Aussi vais-je garder le mien (de masque, pas de sens de l'humour - encore que, personne n'en voudrait) pour ménager celles et ceux parmi vous qui auraient l'estomac sensible.

Vous souhaitant un week-end heureux, s'il est pluvieux, et même s'il ne l'est pas !

Que votre bonheur présent ne soit pas tributaire des conditions météo (n'hésitez pas, au besoin, à relire du Gautier... à condition d'aimer Théo) (je l'ai précisé, que c'était vendredi, ou pas ?).


Bien cordialement,


--


Le farfadet de direction

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