Où cette semaine, pour fêter l'arrivée conjointe de la pluie et d'un petit nouveau à la maison, on se fend d'un double message, sans surcoût additionnel.
Bonsoir à tous,
En cette fin de semaine bien arrosée (vous me direz : comme
toutes les fins de semaines, sauf que je parle ici de météo), et
avant de vous plonger dans la contemplation du planning ci-joint
(il faut savoir retarder le plaisir, comme disent ceux qui vous
remboursent vos frais de transports), prenons quelques minutes
pour remercier la Fête de la Musique et les nombreux
artistes qui y ont participé. Car ce n'est certainement pas un
hasard s'il s'est mis à pleuvoir à seaux quelques heures à peine
après la fin des festivités, alors que nous déplorions jusque là
plus de six semaines de sécheresse ininterrompue. Sans doute que
certains n'étaient pas encore tout à fait prêts à monter sur
scène, qu'ils auraient dû bosser encore un peu leurs vocalises,
voire apprendre le solfège ou mieux régler leur vocoder, les
causes probables sont innombrables depuis la Star Academy.
Et puis avec Daniel Lavoie et Lara Fabian programmés chez nous, on a eu de la chance de ne pas finir en zone
sinistrée : les derniers à les avoir reçus tous les deux ensemble,
c'était l'Atlantide et on n'a plus trop entendu parler d'eux
depuis. Il paraît même que si ces deux-là chantent en duo, ils
peuvent ouvrir une faille dans le tissu de l'espace temps et
ramener Giscard ou la momie de Toutankhamon, on
n'est pas très sûr duquel il s'agit, tous les deux portaient les
mêmes bandelettes.
Comme quoi, elle avait raison, Nicolleta : la musique, oui, la musique, je le sais, sera la clé, qui sauvera l'humanité. Elle avait omis de préciser : ...de la sécheresse. Encore un ou deux concerts live d'Aya Nakamura et les agriculteurs se déplaceront en barques, et avec des boules Quies.
De mon côté, comme d'habitude, j'étais cloitré chez moi en
attendant patiemment devant TF1 qu'on nous reconfine. La Fête
de la Musique, je n'en ai entendu que de la boîte à rythme
au loin, ce qui m'a semblé très contradictoire, dans le fond, je
n'ai jamais trop bien vu le rapport avec la musique, à moins qu'on
prenne l'intitulé de l'évènement dans le sens le plus large et
qu'il s'agisse de "faire sa fête à la musique". En
d'autres termes : "mettre la tête de ceux qui l'aiment au
carré". Auquel cas c'est effectivement très réussi. Presque
trop, à partir de dix heures du soir.
Au risque de me faire des ennemis, pour moi qui ait quand même un certain standing culturel, c'est sur du Chopin qu'on s'éclate sur le dance floor à deux heures du matin ("et maintenant, ma mie, vous saisissez ma main et nous tournons tous deux dans le sens du cadran solaire"), dans un queue de pie avec chemise à jabot... Perspective à laquelle vous vous exclamerez sans doute "tiens, il connaît Chopin, lui ? ! J'aurais pas cru" (ah non mais belle image que vous avez de moi, vraiment. Vous devriez avoir honte). Évidemment que je connais Chopin. Je sais même TOUT de lui : sa vie, son œuvre, son exil, son mal du pays, sa relation compliquée avec George Sand, sa santé fragile, la fois où il est parti dans la forêt des maléfices combattre une bande de rats géants ! Je sais TOUT, je vous dis ! J'ai fini le jeu vidéo. Et aloooors ouuuuuui, d'aaaaccord, peut-être que les japonais ont pris de légères libertés avec la réalité historique, holalala, que-c'est-dramatique-!, et peut-être bien que Chopin ne tirait pas VRAIMENT des boules de feu avec sa baguette de chef d'orchestre sur des légions d'hommes-champignons (mes hommes préférés : ils font à la fois viande, salade et assaisonnement), mais enfin, oh, ça va, les rabats-joie, on peut bien romancer un peu la vie des grands artistes, quand même, ça ne serait pas la première fois ! Et puis est-ce que vous y étiez, vous ? ! Non ? Alors est-ce que vous pouvez vraiment affirmer qu'il ne s'est jamais battu contre des dragons ? Non plus (et non, je n'ai rien inventé ici, la preuve :
) (les
japonais sont formidables) (raison pour laquelle je leur reverse
régulièrement tout mon salaire. CQFD).
Cette parenthèse refermée, dans un registre plus personnel, j'avais un message à faire passer à celles et ceux d'entre vous qui m'ont répété, au fil des années : "tu verras, la paternité, ça te change la vie, ton rapport aux enfants sera très différent". MON OEIL OUI ! VOUS M'AVEZ BIEN BANANÉ ! Non seulement ça n'a rien changé, je déteste toujours les enfants, mais mes nuits sont plus courtes et je ne peux plus écouter Chopin à fond les ballons. J'ai beau y avoir mis du mien, le déclic promis ne s'est pas produit, je ne parviens pas à m'y attacher. C'est tout juste si je parviens à l'attacher lui. Je lui consacre du temps (au moins une heure et demi pour jour !), je lui parle, je le cajole, je lui agite une cordelette de sac poubelle sous le nez pour jouer avec lui (vous avez vu combien ça coûte, les lego ?), je le nourris deux fois par jour avec de la viande (vous avez vu combien ça coûte, les pots pour bébés ?), je le change une fois tous les deux jours. Mais rien. Peut-être que c'est le fait de le garder enfermé au garage, ou d'avoir à l'appeler pendant des heures chaque fois qu'il se cache sous un meuble, ou qu'il soit déjà plus poilu que moi, ou qu'il sente si fort, et si mal, ou qu'il me crache dessus à chaque fois qu'il me voit, mais je ne sais pas, je ne sens pas de connexion émotionnelle. La seule émotion que je ressens, c'est la douleur, quand il me mord le doigt ou quand il fait ses griffes sur mes genoux.
Mais bon. J'ai de nouvelles responsabilités que je dois assumer,
et il en sera ainsi aussi longtemps que je n'entrerais pas en
politique.
Raison pour laquelle j'écourte ce message et vous souhaite un week-end célibataire et sans enfants,
Bien cordialement,
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