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Moi, Moche et Méchant

 Où après une semaine à assumer deux postes à soi tout seul dans l'indifférence quasi-générale, on se sent subitement enclin aux mises à mort symboliques.

 

 

Bonsoir à tous,

Faute de temps et d'énergie, comme de tout ce qui fait habituellement le lien entre les deux à un niveau subatomique, je ne suis pas en mesure d'accompagner le planning de la semaine prochaine d'un petit mot amusant (ou ayant vocation à l'être, pour le meilleur et pour le pire). J'en entends déjà sortir le champagne d'ici, qu'ils boiront dans des coupes Louis Vuitton le petit doigt en l'air, ce qui m'aurait profondément peiné si cette semaine n'avait pas eu raison de mon humanité, me changeant en une boule de stress et de haine absolue envers tout ce qui se rapporte de près ou de loin à du travail administratif (incluant, mais sans s'y limiter, le film des Douze Travaux d'Astérix).

Aussi invité-je les quelques esprits dérangés à qui ce bout de prose pourrait manquer (ce qui vaut déjà pour un diagnostic clinique en psychiatrie, sans vouloir les alarmer) à composer leur petit message d'accompagnement eux-mêmes, en suivant scrupuleusement le tutoriel ci-après :

- Commencez par évoquer de façon grinçante la haine profonde que vous vouez à tous les êtres humains de moins d'un mètre vingt et/ou de dix huit ans scolarisés dans le système public en général, et au collège Jean Roucas en particulier, en insistant bien sur leur caractère bruyant et la profonde vacuité sonore de leurs goûts musicaux. Taclez Jul au passage, parce que l'univers l'a créé exprès pour ça, c'est sa finalité ontologique. N'ayez aucune limite : non seulement les gens penseront que vous plaisantez alors que vous ne faites qu'exprimer là toute l'acrimonie que ces êtres incultes et braillards vous inspirent, mais ils penseront par déduction que vous appréciez les êtres humains de plus d'un mètre vingt et/ou de dix huit ans, dont ils font partie, ce qui est faux, complètement faux, bien sûr, mais ça restera entre vous et votre conscience rongée par l'amertume de dix années de secrétariat administratif.

- Faites des phrases à rallonge et blindez-les de virgules. Ne regardez pas à la dépense, elles ne vous seront pas facturées et ça vous donnera un petit côté Proust qui flattera votre ego. Pensez bien à glisser ça et là quelques expressions du XIVème siècle (14ème, pour toi, là bas, au fond, qui me regarde avec perplexité, et que je hais encore plus que les autres), pour bien confirmer publiquement votre statut d'inadapté social.

- Placez également quelques références geeks dont vous serez à peu près sûr que personne ne les comprendra, histoire de passer pour un fou, au mieux, ou pour un ado attardé, dans le pire et le plus lucide des cas (ou éventuellement pour Scott Pilgrim, aux yeux des autres ados attardés de l'établissement).

- Si vous peinez à trouver l'inspiration, faites une vanne sur les ardéchois, ça marche à tous les coups. Par exemple : les ardéchois et l'électricité, les ardéchois et internet, les ardéchois et les lances en silex. Les drômois seront tous hilares, et les ardéchois ne le prendront pas mal vu qu'ils ne savent pas lire. CQFD.

- Faites aussi une vanne sur les drômois parce que maintenant que vous êtes partis pour vous mettre tout le monde à dos, autant faire les choses bien. Ils savent lire, les drômois, au fait ?

- Agrémentez votre texte de quelques calembours tellement tirés par les cheveux qu'ils vous feront mal à la boîte crânienne (Bac +5 Philippe Bouvard conseillé). Exemple : "et tout de suite, nous allons prendre un appel de Madame Lapeyre, de Ski" (hé, qu'est-ce que vous croyez ? Je suis un gentleman).

- Dénigrez-vous un peu, des fois que cela pourrait vous valoir de la sympathie et quelques 06. ça ne devrait pas vous demander trop d'efforts si vous êtes gros et moche comme moi.

- Avant de conclure, glissez subrepticement une vanne sur le point d'indice. C'est sympa, c'est frais, c'est universel, ça met de bonne humeur et puis ça ne mange pas de pain parce qu'au prix du pain aujourd'hui, de toute façon, ça ne pourrait plus s'en payer (la faute au gel, la boucle est bouclée, tout est dans tout, les frères Elric avaient raison !) (illustration par l'exemple du point n°2) (masterclass les enfants ! Masterclass !).

- Enfin, terminez toujours en évoquant votre démission prochaine et les nombreux courriers classés sans suite à laquelle celle-ci aura donné lieu. Là encore, les gens en riront de bon cœur sans réaliser qu'il s'agit d'un appel au secours.

Voilà ! Vous savez tout ! Vous êtes parés à prendre la relève !

Je vais donc pouvoir ENFIN démissionner l'esprit tranquille et me réjouir par avance à l'idée de ne plus jamais rien voir de moins d'un mètre vingt dans mon périmètre immédiat.

Vous souhaitant un week-end meilleur que ne fut ma semaine (et bien moins que demain),

 Bien cordialement,

-- 


Le secrétaire de direction

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