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Briseur de rêves 2 : la Revanche (PEGI 18+)

Où les mouvements sociaux se suivent et ne se ressemblent pas.

 

Bonsoir à tous, bande de lâcheurs.

Vous savez quoi ? Je vous ai attendu, mardi. Seul. Au milieu de la voie express. Mais vous n'êtes pas venus. Personne.  Et j'ai de la chance de ne m'en tirer qu'avec quelques fractures, ont dit les chirurgiens de l'OCP, qui se sont très bien occupé de moi.

Vous m'aviez vanté l'ambiance et la camaraderie de la manifestation de jeudi dernier, les danses, les chants, la fumée blanche qui pique les yeux, ça m'a donné envie de participer moi aussi, je n'aime pas me sentir mis à l'écart, alors mardi, je me suis dit, cette fois, c'est décidé, je serai de l'autre côté de la barrière !

Barrière que j'ai donc enjambée le jour dit pour aller vous attendre au milieu de la voie centrale, avec une pancarte de ma confection sur laquelle on pouvait lire une formule choc et qui a fait ses preuves : "Jospin, si tu savais, ta réforme, ta réforme, ..." (je n'avais hélas plus la place pour écrire la suite, pourtant politiquement très engagée). Suite à quoi j'ai essayé de bloquer les trois voies à moi tout seul mais en dépit de mon bel embonpoint, ça s'est avéré compliqué, je ne faisais pas peur aux automobilistes, ils arrivaient trop vite pour voir les traits de mon visage (forcément, aussi, à 150, on ne fait plus la différence entre moi et Leonardo Di Caprio. Alors qu'à une vitesse normale, on me confond toujours avec Leonardo, certes, mais celui des Tortues Ninjas). 

Le temps passant, l'ennui s'insinuait en moi aussi sûrement que l'envie d'acheter une décapotable quand je regarde les pubs Chanel à la télé, aussi ai-je décidé de commencer les activités festives en solo (ce qui est un peu l'histoire de ma vie depuis mon cinquième anniversaire, quand j'ai invité tous mes camarades de classe à ma fête et qu'ils ont tous préféré prendre rendez-vous chez le dentiste au même moment, pour se faire enlever toutes les dents et la mâchoire avec). Sans complexe, j'ai bougé mon winter body (c'est-à-dire un summer body mais avec beaucoup de raclettes), des fois que ça vous ferait venir plus vite. Après quoi il y a eu des hurlements, des sanglots, des bruits d'hélicoptères, j'ai dû courir je crois. Dix mètres. Mon maximum. L'adrénaline, sans doute.

Soi disant que je dansais le jerk. Sur de la musique pop. Et que c'était interdit par le Tribunal de la Haye depuis 1998.

Soi disant aussi que je dansais nu. Et peut-être que dans l'euphorie du moment, oui, je me suis laissé emporté et j'ai tombé le jean, d'accord, on a tous déjà vécu ça un jour ou l'autre, en boîte ou au rayon légumes du Casino parce qu'ils passaient du Shakira, c'est le genre de choses qui arrivent même aux meilleurs.

Et j'ai bien entendu les klaxons des voitures, les cris, les sirènes, je croyais que c'était pour m'encourager, un mouvement spontané de liesse populaire, mais a priori, non, c'était de l'effroi, du dégoût, doublés d'une forme rare mais virulente d'allergie oculaire. On a même retrouvé un militaire roulé en boule chez lui trois jours plus tard, à demi noyé dans ses propres larmes. Et pourtant, il avait fait le Vietnam.  Avec Costa Croisière. La moitié en bateau, l'autre moitié à la nage, comme stipulé dans le contrat.

En découvrant les images de ma prestation, ceux de la majorité présidentielle qui n'ont pas perdu connaissance auraient aussitôt décidé de revenir sur leur décision, à la condition que je me rhabille et que je n'enlève plus jamais mes vêtements de ma vie, même si je fais un jour les Anges de la Téléréalité ; à tel point qu'ils étaient mêmes prêts à utiliser le 98.6 pour officialiser le tout (soit un double 49.3, c'est vous dire si c'est fort ! Et j'ai fait le calcul de tête, attention, ce qui prouve bien que je suis le secrétaire de direction, et pas un de vos élèves qui aurait hacké ce compte). Hélas, je n'ai pu accéder à leur requête, le vent avait emporté mon tee-shirt, et mon caleçon Dragon Ball Z (avec Vegeta en super guerrier de l'espace dessus, le sous-vêtement des vrais mecs) avait fini sur le casque d'un biker de passage qui déclarera par la suite : "j'ai vu l'Abîme". Avant de se convertir au Catholicisme. 

J'ai donc fini en garde à vue. Sans vraiment que ça ne me dérange outre mesure, d'ailleurs, ça ne m'a pas beaucoup changé du boulot, les barreaux étaient les mêmes que dans ma tête, en plus rouillés, et la cellule était mieux isolée. J'avais droit à un coup de téléphone, j'ai demandé le 50/50 à la place, on m'a relâché dans la foulée parce que j'étais fou (une tradition, paraît-il, dans notre beau pays).

Et là je viens d'apprendre que je serais aussi en poster central dans le prochain numéro de Mad Movies (qui sera vendu sous blister par mesure de prudence, et uniquement au plus de 40 ans sur présentation de leur historique psychiatrique vierge, c'est à dire que moi-même je ne pourrais pas l'acheter). Une grande fierté pour mes parents.

De cette mésaventure, je retiens qu'on ne peut vraiment pas compter sur vous, que quand il s'agit de s'amuser sans moi, ça, y'a du monde, mais que quand je veux me joindre à la fête, tout à coup, la révolution, ça n'intéresse plus personne (COMME PAR HASARD). Je note également qu'il faut que je mette mes références musicales à jour. La prochaine fois, ce sera Gangnam Style. Ce sera mon hommage à moi aux danses traditionnelles du Pays Basque.

Dans l'attente, je vous transmets ci-joint le planning de la semaine prochaine, et je vais de ce pas remettre mon jean : il est temps de rentrer chez moi.


Vous souhaitant un bon week-end,


Bien cordialement,


-- 
 
 
Le secrétaire de direction

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