Où après s'être auto-censuré la semaine dernière, on revient à la charge en version étendue.
Bonsoir à tous,
Comme attendu, je vous transfère ci-joint le planning de la
semaine à venir, qui est du genre copieux, mais comme il reste
toujours une petite place pour le dessert (mais si), j'y ajoute
pour information le plan interministériel de lutte contre le
harcèlement scolaire, qui vous évitera opportunément d'avoir à
vous demander quoi faire samedi soir, et vous fera économiser
l'argent du restaurant.
Merci qui ?
(le premier qui répond ce à quoi je pense a un gage).
Concernant le message d'accompagnement, dans la mesure où nous n'avons toujours pas obtenu de remplaçant en sciences physiques ni de réponse concernant notre AED en stand by, je vais à nouveau essayer d'attirer l'attention de l'organe de censure occulte du rectorat, histoire que quelqu'un là-bas sache ce qu'il en est. Et pour ce faire, j'ai décidé de mettre les bouchées doubles en vous livrant la suite directe de mon dernier texte, dont je l'avais amputé sur le fil de crainte d'aller trop loin.
Âmes sensibles, vous êtes prévenues. Si pour vous, le second
degré est la température à laquelle on gratte la voiture le matin,
passez votre chemin.
Non parce que que bon, et là on va être sérieux deux minutes, je
vais peut-être en choquer certains parmi vous mais on avait bien
dit que cette nouvelle formule du message d'accompagnement ferait
fi du politiquement correct, alors voilà, je me lance : on peut
effectivement voir dans la généralisation du port de l'Abaya un
signe de possible radicalisation, ou pas, les deux se défendent et
c'est pour ça que la notion de débat existe, et qu'il est hors de
question que des zazous sur internet la confisquent sous de
fallacieux prétextes tels que "moi je suis la Justice et tous
les autres c'est des méchants" (aussi dit "principe de la
Sainte Inquisition", ou "charte de bonne conduite sur Twitter"),
mais le vrai problème est ailleurs et nul n'ose l'aborder de
front, pas même le national, c'est dire si ça dérange. La vraie
menace qui plane sur la société occidentale, le véritable
indicateur de la radicalisation, l'offensive sourde contre les
valeurs de la république, j'ose le dire haut et fort, ce sont les
pâtisseries orientales.
Enfin, c'est évident.
A une époque où la moindre pub pour les chipsters s'accompagne
d'une mention culpabilisante de type "mangez-bougez", le
taux de sucre moyen d'une corne de gazelle n'est plus une
sympathique excentricité culturelle mais une déclaration de
guerre. Parce que pour éliminer derrière, c'est pas manger-bouger,
qu'il faut, hein, c'est minimum un an de Zumba deux fois par
semaine. Et vous savez combien ça, coûte, les cours de Zumba ?
Environs 1,80 plein d'essence par mois (oui, en 2023, les prix ne
sont plus chiffrés en euros, mais en pleins d'essence, ça aide à
faire passer la pilule). De quoi ruiner les foyers caucasiens
d'ici 2025. Le Qatar a déjà déposé une option de rachat sur
l'ensemble du territoire, l'Etat Français attend juste ses trois
dernières fiches de paie pour vérifier qu'il est solvable. Et puis
sans aller aussi loin, rien qu'en matière de message d'information
sanitaire, là, on oublie la petite mention discrète en bas d'image
et on déclenche le plan Orsec : on sort des cartons le
Mangez-Shakez-le-booty-les-sistas, affiché en lettres capitales
sur des panneaux grands comme la tour Eiffel. S'il doit y avoir un
"grand remplacement" (sic), ne cherchez pas, il se fera par
le diabète. On sera bientôt tous dépendants à l'insuline, avec
plus d'aiguilles dans le bras qu'au moment du déconfinement. Je
vous le dis, d'ici quelques années, pour braquer les banques, il
suffira de se pointer avec une ceinture de loukoums et de crier :
"attention, j'ai une bouteille de miel à la main et je
n'hésiterai pas à m'en servir !". Je n'invente rien. Quand
on a demandé à Albert Einstein s'il culpabilisait pour la bombe
atomique, il aurait répondu "ça va, oh, c'est pas la recette du
Makroud non plus". Et les mecs de la convention de Genève
ont hoché doctement la tête et ont dit "oui, c'est vrai, ça se
tient, pardon monsieur".
Pire : selon un communiqué de l'organisation mondiale pour la
santé, à ce rythme, plus qu'un ou deux mariages traditionnels et
on aura épuisé la totalité de nos réserves de sucre à l'échelle
planétaire, ce qui entraînera la faillite des sociétés Haribo et
Kinder (ça ne peut pas avoir que des désagréments non plus),
privant des milliers de nos enfants de leur drogue quotidienne,
les transformant en dangereux toxicomanes prêts à renier père et
mère pour avoir leur dose. Et alors oui, bien sûr, pour la plupart
des parents, ça ne fera pas une grande différence, mais il
n'empêche que le mal sera fait.
Et là, vous me direz : Thomas, tu exagères, arrête ta parano, ce n'est que de la nourriture, enfin, personne ne s'est jamais servi de denrées périssables comme arme de destruction massive. Ha bon ? Vraiment ? ! Mais vous croyez qu'ils font quoi, exactement, les anglais, depuis des siècles ? Ils n'ont pas pu gagner la guerre de cent ans, mais ils n'ont pas renoncé : la France, ils la vaincront à coups de plum pudding et de gâteaux de poisson pané. Ils ne trouveront pas le repos tant qu'ils ne nous auront pas tous intoxiqués avec des machins flasques au goût de marée basse. Sinon, comment vous expliquez leurs habitudes alimentaires ? Personne n'irait se faire frire du bacon poché dans de la bière à 6 heures du matin, à moins d'avoir une revanche à prendre sur la vie en général et sur les bouffeurs de cuisses de grenouilles en particulier. D'ailleurs méfiez-vous de Mme Frison et de Mme Lusset, ce sont des agents doubles à la solde de l'ennemi, je les ai surprises à parler dans une langue inconnue (ou en tout cas l'est-elle des trois quarts des français passée la vingtaine). Sans doute qu'elles faisaient leur rapport au roi Charles III sur les forces et les atouts de l'établissement ; ça leur aura pris au moins sept secondes. Après tout, le bonhomme est facile à joindre. Elles n'ont qu'à se tourner vers la Manche et à bien articuler quand le vent souffle au nord, les oreilles de l'intéressé feront le reste, a priori elles ont été conçues pour ça.
Et la pizza à l'ananas ? On en parle de la pizza à l'ananas ?
Ce n'est pas une atteinte directe aux valeurs du monde libre,
la pizza à l'ananas ? Combien de temps encore, avant qu'on ne
tente la même chose avec des baklavas ?
Comme quoi le danger est partout, mais surtout là où on ne l'attend pas !
Dans ces conditions, la question de l'Abaya paraît très
secondaire, d'autant que la polémique arrange tout le monde,
finalement : les gens de droite peuvent alimenter la psychose
sur laquelle ils capitalisent, les gens de gauche peuvent y
aller de leurs petits sermons, on peut crier (au choix) à la
radicalisation de la société ou au racisme, et finalement
chacun y trouve son compte, parce que vous imaginez, un monde
sans racisme, quelle angoisse, ça mettrait un paquet de gens
au chômage, les politiques, les fachos, les moralisateurs, les
employés des sites de pétitions, les community managers sur
les réseaux sociaux, les proprios des cafés du commerce, les
pigistes des journaux en ligne et au moins la moitié des
chroniqueurs sur France inter. Vous imaginez, un chanteur de
rap, écrire de paroles dans un monde sans racisme ? Il va
parler de quoi ? Des fleurs et de la chance qu'on a d'avoir un
bon système de sécurité sociale ? Mais sa carrière est morte !
Et pourquoi pas balancer ses chaînes en or et respecter les
femmes, aussi, tant qu'on y est ? MC Solaar a essayé il fut un
temps, les auditeurs ne s'y sont pas trompé, ils ont rangé ses
disques au rayon pop française entre Michel Sardou et Laam.
Les messages positifs, personne n'en veut. Le verre à moitié
plein c'est pour les faibles. ça n'arrangerait personne, un
monde sans racisme. Ni ceux qui sont pour, ni ceux qui sont
contre. On ne pourrait plus accuser le prof quand on
chopperait une mauvaise note, ou notre voisin un peu basané
quand quelqu'un volerait un délice coco au Mie Câline - ce qui
revient symboliquement au même. Vous avez une idée un peu de
l'angoisse existentielle que ça représenterait, à droite comme
à gauche ? Non, la plupart des gens ont tout intérêt à ce que
ça dure, au contraire, et à l'entretenir des deux côtés, comme
toutes les phobies à la mode, parce que c'est du business,
coco, que tu sois pour ou contre, ça fait vendre tout pareil.
Il faut bien voir que ces dérives rapportent énormément aux
deux camps en présence, qui n'ont dès lors aucun intérêt à ce
que cela cesse. Non, dans tous ça, les seuls qui y perdent
vraiment quelque chose, ce sont les quatre clampins qui ont
vraiment à cœur de vivre ensemble, mais enfin ils cherchent un
peu, eux aussi, à accepter les différences de l'autre et à les
respecter sans en faire tout un foin. Parce que quand on y
pense, le vrai fond du problème, c'est qu'en 2023, tout le
monde prétend vouloir vivre avec tout le monde, mais personne
ne veut vivre avec personne. Qu'on soit de droite, de gauche,
français depuis quatre cent générations ou seulement trois, on
veut bien vivre avec l'autre, mais seulement si c'est l'autre
qui vit comme nous.
Du coup, moi, à force d'être le seul à y croire, j'ai choisi
la misanthropie : je déteste égalitairement l'ensemble de mes
concitoyens sans distinction de couleur de peau, d'âge, de
communauté ou d'orientation sexuelle.
Comme ça, je suis moralement irréprochable.
Et comme ça mérite d'être récompensé, de temps en temps, je
m'autorise une corne de gazelle.
Parce qu'on aura beau dire, c'est quand même super bon !
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