Où on est trop fatigué pour écrire un texte digne de ce nom et où on pense naïvement que coller des images à la place demandera moins de travail...
Bonsoir à tous,
Je le sais bien, à force, je vous connais, vous n'êtes là ni pour le semainier joint, ni pour lire ma prose laborieuse.
Je pensais jusqu'ici que vous n'aviez d'yeux que pour mon collègue au prétexte qu'il était plus jeune, plus beau, plus travailleur (puisque travailleur tout court. J'ai beau lui dire d'arrêter, il n'en fait qu'à sa tête sous prétexte qu'on est payé pour) (ce qu'il ignore encore, c'est que même quand on ne travaille pas, on est payé quand même, mais chut, je voudrais lui faire la surprise) ; mais à l'indifférence que vous lui avez témoigné à son retour, au lieu de le fêter avec les effusions qui s'imposaient (j'ai bien essayé de lui faire une petite danse du ventre mais autant sur le ventre, j'ai été bon, autant sur la danse beaucoup moins), j'ai réalisé que lui non plus n'avait plus pignon sur rue dans vos cœurs administrativement volages.
Tardivement, j'ai compris que vous ne pensiez désormais plus qu'à une chose :
LE PANDA.
Où était-il ?, demandaient dès lundi matin vos regards
aussi éperdus qu'un élève devant un compas.
Que devenait-il, allait-il bien ?
S'était-il par hasard associé à Wilson pour monter un numéro de jonglage acrobatique, et remporter haut la patoune "la France à un incroyable talent 2024" (face à Jean-Enzo en finale, qui sait réciter les tables de multiplication par coeur jusqu'à la table de 4 - bien connue des habitués de l'Hippopotamus) ?
Alors que la liesse aurait dû parcourir l'épine dorsale du
collège comme ce grand soubresaut nerveux qui nous foudroie quand
on découvre notre fiche de paie le mois où tombent les HSE, le
retour dudit collègue n'aura donné lieu à aucun déhanchement festif, aucune
scène d'hystérie (à part celles qu'on observe quotidiennement dans
la cour de récré), aucune libation à l'ancienne, à tel point que
j'ai dû décommander in-extremis les grappes de raisin et la
banquette d'empereur romain commandé sur les crédits de Langue
Ancienne.
Tout au plus vous ai-je entendu bruyamment lâcher des soupirs
tandis que vous pensiez à son ventripotent remplaçant (pas moi,
l'autre), si progressiste jusque dans sa fourrure qu'il était à la
fois noir ET blanc, concrétisant à lui tout seul l'aboutissement
de trois siècles de lutte contre le racisme.
Et bien rassurez-vous, puisqu'il faut en passer par là : lui aussi m'a donné de ses nouvelles, il va très bien, "et même beaucoup mieux" depuis, je cite, "qu'il a quitté ce secrétariat de losers".
Ses habitudes de travail n'ont pas changé pour autant. Son cadre de travail non plus.
Par contre, sachez qu'il a enfin pris la pleine mesure de son addiction et qu'il s'est donc laissé convaincre de passer au bambou électronique.
Par ailleurs, le succès qu'il a remporté dans l'enceinte du collège et ses nombreuses aventures conjugales avec des membres du personnel et certains éléments de mobilier l'ont poussé à mettre à jour sa photo de profil Tinder :
Toujours prêt à apprendre de ses aînés, il a également suivi mes conseils professionnels et il a levé le pied.
Problème : il a levé les quatre à la fois, une erreur de débutant.
C'est la Fonction Publique qui rentre, comme on dit dans le métier.
Il a également fini tranquillement de manger le stock de Woody de l'intendance.
Bref, il est comme un coq en pâte, à ceci près que ce n'est pas un volatile et qu'il est bien en chair, mais vous m'avez compris.
En espérant, donc, que vous saurez tourner la page à moyen terme, et vous contenter des deux mammifères (plus ou moins) imberbes du secrétariat,
Bien cordialement,
Le secrétaire de direction
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