Où ces premières vacances ouvrent le bal des permanences administratives et où on n'a toujours pas le goût du travail bien fait - ni du travail tout court d'ailleurs.
Bonjour à tous,
En ce beau lundi de permanences administratives, ensoleillé juste ce qu'il faut pour nous donner envie de retrouver notre ancienne conseillère d'orientation et lui dire tout le bien qu'on pense de ses services, avec la voix rauque du tueur dans Scream (soi-disant qu'on n'était pas fichus de faire les floches de nos lacets en terminale et que du coup c'était la Fonction Publique sinon rien), je vous propose de nous rejoindre par petit mot interposé pour vivre avec nous ce moment "unique" qui ne l'est paradoxalement pas assez à notre goût.
Une journée administrative, donc, histoire de vous donner une idée de la
maltraitance qu'on subit, ça commence à 8h, c'est-à-dire que nous
arrivons aux environs de 10h-10h30 (en vertu du principe qui veut
qu'il est toujours 8h quelque part dans le monde), et que nous
répondons "comme un lundi" à quiconque aurait l'imprudente
naïveté de nous demander "comment ça va ?" (Thierry étant plus
intelligent que la moyenne, il a cessé de me poser la question aux
alentours d'août 2020, quand il a réalisé tardivement qu'il n'en
avait objectivement rien à faire).
Une fois sur place, toujours le même rituel : mettre les
appareils de travail sous tension par ordre d'importance, numérotés
de 1 (la machine à café) à 10000 (l'ordinateur de travail).
Concrètement, on appuie sur le bouton des stores électriques et en
attendant qu'ils se lèvent, on va faire couler le café.
Généralement, quand on en revient, les stores sont levés, le
soleil couché, ça s'équilibre.
Une fois le café prêt, on le boit jusqu'à 11h-11h30-14h, en grignotant tout ce qu'on a pu trouver de madeleines, gâteaux et autres tablettes de chocolat dans vos casiers en salle des profs (parfois, je mâchonne une copie d'élève au hasard, pour l'amertume, ça relève le goût des sucreries. Ne vous étonnez pas s'il vous en manque une au retour, ou s'il y a des marques de dents au coin d'une autre).
Comme à cette heure-ci, il n'est plus temps de se lancer dans une
tâche administrative exigeante et chronophage, comme ouvrir le
courrier ou ranger les dossiers, on fait la queue devant la
Kyocera du couloir pour photocopier qui, notre visage, qui, la
partie la plus charnue de notre anatomie, selon notre degré de
pudeur ou notre agilité, et puis on utilise le standard pour faire
des blagues téléphoniques au Maroc aux frais du service
intendance.
Après quoi il est temps d'aller se sustenter.
Comme à chaque jour de permanence, histoire de partager un moment convivial (..."vivial", "vivial", c'est vite dit), nous avons réservé dans un restaurant gastronomique du secteur pour midi pile (la cafétéria Auchan, ça s'appelle ; c'est forcément gastronomique, il y a les frites à volonté) (et là où il y a une volonté, il y a un chemin, dit le dicton) (ou bien c'est le slogan de chez Mc Cain, je ne suis plus très sûr...). Et vu que nous ne sommes pas sectaires, nous autres, nous proposons aux personnels de catégories A de nous accompagner.
Mais comme à chaque permanence, ceux-ci déclinent poliment
l'invitation, au prétexte qu'ils ont trop de travail et qu'ils
veulent avancer.
A midi vingt, quand ils sont sûrs qu'on a bien quitté les locaux, ils prennent la limousine de fonction de l'établissement direction Pic, où rien que de regarder le menu leur coûtera plus cher que nous notre formule entée-plat-dessert-carafe de Crozes-Hermitage.
Résultat : ils auront mieux mangé que nous, certes, mais ils
auront encore faim tout l'après-midi.
Alors que nous on a le bidou en montgolfière.
De retour à 12h45, c'est-à-dire 14h, on sort les chips, le Banga et les jeux de société, avec une préférence pour ceux de science-fiction comme la Bonne Paye ou le Monopoly. Thierry et moi apprécions tout particulièrement ces étranges petits morceaux de papier rectangulaires multicolores qu'on appelle des "billets", comme M le Gestionnaire est obligé de nous le rappeler à chaque nouvelle partie, on oublie vite faute d'en voir dans la vie réelle, c'est le seul moment dans notre vie où on peut palper autre chose que des pièces en étain ("c'est donc ça, l'argent ?", "c'est donc ça, un salaire ?", "c'est sympa, on devrait en avoir aussi dans la vraie vie, non ?").
Et comme les minutes passent plus vite quand on s'amuse, à peine a-t-on laissé gagner les catégories A pour souscrire aux exigences de la réserve fonctionnaire (gagner contre un catégorie A serait considéré comme de l'insubordination), il est déjà 17h, c'est-à-dire 15h30.
L'heure est venue de quitter le bâtiment et de rentrer chez soi, avec le sentiments du devoir accompli, mais pas sans avoir d'abord distribué les photocopies de nos postérieurs dans les boites aux lettres du voisinage et sonné à tous les portillons.
Bref, on ne change rien à nos journées de travail habituelles.
Le seul risque qu'on court, finalement, c'est de tomber sur la laborantine sur le parking en sortant, ce qui signifie devoir y passer la
nuit. Minimum.
Vous souhaitant d'excellentes vacances, même si elles n'égaleront jamais le plaisir simple et sain d'une journée de permanence,
Je vous laisse, Thierry a sorti le Uno.
Bien cordia... CONTRE UNO !